France Energie Eolienne veut que le gouvernement vise un objectif de 47 GW d’éolien pour 2028. Les professionnels mettent en avant les avantages de la filière en termes de compétitivité, d’emploi et de fiscalité locale.

Le jeudi 11 octobre, France Energie Eolienne (FEE) a fait part de ses ambitions et des objectifs de la filière pour les dix prochaines années. Alors que le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devrait être présenté à la fin du mois, les acteurs de l’éolien craignent une PPE « sans réelle ambition » pour leur secteur. FEE a bien conscience que la futur PPE constituera un moment clé pour l’avenir énergétique français. A priori, la France ne cherche pas une énergie dominante pour les prochaines décennies, comme ce fut le cas du nucléaire, mais certaines technologies pourraient être plus favorisées que d’autres.

La fédération préconise de relever de 32 à 45% la part d’énergies renouvelables dans le mix électrique français à l’horizon 2030, dont 23% pour l’éolien. Les professionnels estiment que pour 2023, le secteur est en mesure d’atteindre le haut de la fourchette fixée dans la PPE, soit 26 gigawatts (GW) pour l’éolien terrestre. En effet, 1,7 GW a été raccordé en 2017, portant le total à 15 GW. En augmentant le rythme à 2 GW par an, les 26 GW seront atteints. Pour la prochaine période, ils demandent à l’Etat de fixer un objectif de 37 GW d’éolien terrestre. Et pour l’éolien en mer ? Ils souhaitent d’abord que les 3,2 GW engagés se concrétisent d’ici 2023 (3 GW pour les six appels d’offres d’éolien posé et 0,2 GW de fermes pilotes pour le flottant). Pour 2028, ils réclament de 6 à 10 GW.

Emplois et recettes fiscales non délocalisables

Pour se faire entendre, la filière avance quatre arguments. Aujourd’hui, l’éolien est une filière compétitive, font valoir les acteurs du secteur. « Le prix moyen de l’éolien en France est moitié moins cher que celui du nouveau nucléaire », expliquent-ils. Les résultats du premier appel d’offres pour l’éolien terrestre, annoncés en janvier dernier, ont établi un prix moyen de 65,4 euros par mégawattheures (MWh). C’est aussi le cas de l’éolien offshore : le futur appel d’offres pour la zone de Dunkerque (Nord) devrait être lancé avec un prix de soutien garanti de 60 euros par MWh. Ce critère de compétitivité est essentiel alors que Bercy semble plus que jamais focalisé sur les coûts de production des différentes filières. Pour l’éolien flottant, un coût de l’ordre de 60 à 80 euros par MWh est envisageable à l’horizon 2030, contre 100 à 150 euros actuellement.

Le second argument concerne l’emploi. La filière compte aujourd’hui 17.000 emplois. Elle a créé 1.230 emplois en 2017. « Plusde10.000 emplois locaux sont attendus des plans industriels liés aux deux premiers appels d’offres éolien offshore de 2012 et 2014″, ajoute FEE. Les professionnels de l’éolien font aussi valoir que, pour une même production électrique, l’éolien crée plus d’emplois que le nucléaire.

Dans le même esprit, la fédération professionnelle explique que l’éolien bénéficie directement aux territoires, puisque ces emplois ne sont pas délocalisables. Aujourd’hui la filière revendique aussi 800 entreprises en France. En outre, les parcs apportent des retombées fiscales aux territoires. Sur ce dernier point, FEE rappelle qu’un mégawatt (MW) installé rapporte chaque année environ 7.000 euros à la commune d’implantation, 3.000 euros au département et 1.000 euros à la région. Un parc « moyen » de 7 turbines de 3,5 MW rapporte donc un peu plus de 170.000 euros à la commune. En 2017, l’ensemble des recettes fiscales versées aux collectivités se sont élevées à 151,4 millions d’euros.

La popularité insoupçonnée de l’éolien

Le dernier argument concerne l’apport de l’éolien au système électrique français. Ajouter de nouvelles capacités permet de sécuriser les marges d’approvisionnement en électricité jusqu’en 2020, explique FEE. Cela permet aussi au territoire de faire face aux variabilités saisonnières d’offre et de demande. Enfin, cela permet de s’assurer « la mise à l’arrêt des centrales de production », estime FEE. « Les facteurs de charge de l’éolien en France étant à peu près constants sur les cinq dernières années, l’augmentation de la puissance éolienne installée implique l’augmentation du taux de couverture de la consommation électrique du pays », ajoute le syndicat.

Reste l’opposition des Français à l’éolien. Celle-ci est factice, estime FEE qui met en avant un sondage réalisé par Harris Interactive sur la perception de l’éolien par les Français (1.091 personnes interrogées) et les riverains (1.001 personnes). Premier constat : l’éolien a une bonne image auprès des Français (73% en ont une bonne ou très bonne image). Surtout, 80% des personnes habitant à moins de cinq km d’un parc ont une opinion favorable. Pourquoi les opposants se font-ils autant entendre ? « Ils sont très bien organisés », déplore Olivier Perot, ce sont « des associations quasiment professionnelles ». Celles-ci « agitent des inquiétudes » et parviennent à se faire entendre des pouvoirs publics et des citoyens concernés par les projets de parcs éoliens.

In actu-environnement.com

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