Intempéries cet hiver, printemps chaud, vagues de chaleur à répétition… Cet été, le réseau électrique français a fait face à une surconsommation électrique en raison de la climatisation mais a exporté, notamment grâce au photovoltaïque.
Les vagues de chaleur qui ont touché la France cet été sont d’une intensité peu fréquente. Comparables aux records enregistrés en 2013 et 2017 (32° à 33°), elles se sont, cette année, caractérisées par une durée exceptionnelle. Répétitives entre juin et août, elles pèsent fortement sur le réseau électrique, selon une étude réalisée par SIA Partners.
La climatisation entraîne une hausse de la consommation à l’échelle nationale – notamment dans les zones très urbanisées où on enregistre des amplifications allant jusqu’à +5°C par rapport aux zones rurales. L’Ile-de-France et la Côte d’Azur ont vu leur consommation augmenter fortement. A l’échelle nationale, cela se traduit par un gradient de thermosensibilité de 520 mégawatts (MW) par degré Celsius, soit l’équivalent d’une demi-tranche nucléaire par degré supplémentaire au-dessus de 25°C.
La production solaire compense la surconsommation
Durant cette vague chaude de 2018, les températures du 26 juillet étaient de 6°C au-dessus de la normale, ce qui a entraîné une surconsommation de 3 gigawatts (GW) environ, note RTE.
D’ordinaire, cette surconsommation peut être compensée par la production de trois tranches de réacteurs nucléaires. Mais il se trouve que cette surdemande coïncide avec la production photovoltaïque, qui, à cette époque estivale, peut couvrir les besoins. Entre le jeudi 12 juillet, journée de température normale, et le jeudi 26 juillet, journée caniculaire, le différentiel de température a été efficacement compensé par la production solaire.
C’est aussi le cas en Allemagne où la canicule a été favorable aux exportations d’électricité (+10 GW) grâce à un parc photovoltaïque important et à un faible recours à la climatisation. On note des pics de production photovoltaïque au cours de la journée du 26 juillet qui coïncident avec les pics de consommation, entre 10h et 18h, période pendant laquelle les besoins en climatisation sont les plus élevés dans les bureaux et les lieux publics. Malgré des arrêts de tranche de centrales nucléaires liés à la canicule, la France a exporté son électricité.
Alternatives à la climatisation dans les villes
Les îlots de chaleur urbains, que le recours à la climatisation contribue à intensifier, empêchent la chaleur de se dissiper. Des solutions existent pour libérer les flux de chaleur emprisonnés dans les zones urbaines : les réseaux de froid sont particulièrement adaptés aux environnements urbains, et connaissent une croissance régulière depuis dix ans, note l’étude de SIA Partners. Avec 73 km de canalisations, Paris possède le plus grand réseau d’Europe, Climespace, un des plus avancés technologiquement. Climespace dessert les bâtiments publics et tertiaires du centre de Paris. La présence de la Seine permet d’utiliser la fraîcheur de l’eau du fleuve pour refroidir le réseau. Actuellement, la climatisation représente 10% de la consommation électrique mondiale, avec 1,6 milliards de climatiseurs utilisés dans le monde.
La solution est aussi à rechercher du côté du réaménagement des espaces urbains. Dans la lutte contre les îlots de chaleur urbains, la végétalisation joue un rôle clé, rappelle l’Union des entreprises du paysage (Unep) dans un communiqué diffusé en pleine canicule, le 27 juillet. En choisissant de planter régulièrement, de végétaliser et de renaturer des places publiques, des murs ou des toitures, les villes peuvent contribuer à atténuer les effets du piégeage du rayonnement solaire dans les matériaux urbains et des rejets de chaleur causés par l’activité humaine.
Lu sur actu-environnement.com